Le Déluge à Chambéry

« En ce jour-là se fendirent toutes les sources de l’immense abîme d’eau et les écluses des cieux s’ouvrirent. »
La ville de Chambéry sous la menace du Déluge.

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Description

Direction la Croix du Nivolet…

La préparation

Il y a deux jours, les fonds de vallée ont été enveloppés dans une brume persistante, conséquence d’un épisode pluvieux suivi de conditions anticycloniques, un phénomène classique dans nos régions pendant l’hiver. En bas, règne le froid et la désolation. En revanche, au-dessus de 1500 mètres, règnent la douceur et la clarté solaire.

Le week-end est enfin là, libéré des obligations professionnelles, je peux enfin me consacrer à dominer ce phénomène. J’ai déjà exposé mes « brumes alpines » à deux reprises lors de festivals, une quête permanente et insatiable. Cependant, la météo des prochains jours annonce une nouvelle dégradation, emportant avec elle la stabilité des masses d’air et chassant mes sacro-saintes brumes. Déjà, samedi matin, les vallées plus internes se sont débarrassées de leur coiffe opaline, et Albertville ainsi que ses environs sont baignés par un soleil insolent. Tel une grande marée, la mer de nuages se retire peu à peu des estuaires alpins.

L’heure est à la réflexion : où la mer de nuages choisira-t-elle de rester jusqu’à la fin de la journée ? Les webcams me seront d’une grande utilité pour observer les évolutions diurnes. L’une d’entre elles attire mon attention : celle du Revard, qui domine Aix-les-Bains et le lac du Bourget. Le brouillard semble s’accrocher davantage ici. Une idée germe dans ma tête : créer une composition entre la brume et les lumières urbaines, dans la pénombre après le coucher de soleil. Un pari audacieux mais précis, avec une bonne probabilité de succès. La Croix du Nivolet, avec son panorama grandiose, s’impose comme une évidence pour forcer le destin.

La décision

En début d’après-midi, je me gare au Sire (1409 m) sous un grand ciel bleu. La croix nécessite une marche d’approche d’environ 1 heure. J’y monte d’un pas décidé, partagé entre le doute et l’espoir. Peu avant 15 heures, j’atteins le sommet sans difficulté. De nombreuses personnes sont venues s’aérer en ce lieu inspirant. Je passe toute la fin d’après-midi à contempler la bataille silencieuse qui se déroule en vallée : l’eau contre le feu, le soleil contre les brumes. En à peine 1 heure, la Combe de Savoie a capitulé, mais le sillon chambérien résiste, probablement grâce à l’humidité du lac du Bourget et à l’axe Chartreuse-Epine qui fait bloc. Du côté du Nord-Isère et de l’Avant-Pays Savoyard, l’arrière-garde veille, et les habitants ne verront assurément pas la couleur du ciel avant le lendemain.

Le jour décline progressivement, l’étoile vient embrasser l’horizon, diffusant ses rayons mordorés sur les versants exposés. Autour de moi, la foule s’est clairsemée, seuls quelques irréductibles assistent à ce spectacle éphémère puis, une fois la lumière disparue, quittent les lieux. Pour le commun des mortels, c’est le moment de rentrer. Pour moi, c’est le début des hostilités.
L’horizon s’illumine d’une palette de couleurs chaudes, allant du rouge vermillon au jaune pastel, contrastant avec le bleu nuit qui s’intensifie tout autour. En contrebas, la vie nocturne prend forme : les villes s’illuminent telles des coulées basaltiques. Cependant, le contraste lumineux reste trop marqué, nécessitant une attente jusqu’à ce que les niveaux s’équilibrent. Je demeure au chevet du jour, malgré son destin scellé, jusqu’à son dernier souffle. Soudain, un groupe de scouts apparaît, ajoutant une touche à ce moment. Je capture leur petite équipe en photo, et ils me remercient.

La scène du Déluge

Enfin, l’instant tant attendu arrive. De pâles lueurs persistent à l’horizon, tandis qu’en premier plan, l’agglomération est en éruption. Entre ces deux éléments, la mer de nuages bute contre la Chartreuse, notamment dans la vallée de Saint-Thibaud-de-Couz. Elle déverse son surplus dans le bassin chambérien. Toutes les conditions sont réunies, et la scène, magnifiée par le cadrage choisi, est figée à jamais. Le résultat de cette prise de vue m’évoque immédiatement une référence biblique : « En ce jour-là, toutes les sources de l’immense abîme d’eau se fendirent, et les écluses des cieux s’ouvrirent. » (Genèse 7:11). Chambéry, telle une cité magmatique, semble menacée par un déluge imminent…

Quelques minutes plus tard, la nuit a définitivement chassé le jour. L’obscurité, seulement perturbée par l’effervescence urbaine, signale qu’il est temps de faire demi-tour. Le contrat semble avoir été rempli.

Lieu de prise de vue

Croix du Nivolet

Le massif des Bauges

Le Massif des Bauges, situé entre Chambéry, Annecy et Albertville, est un joyau de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il offre des panoramas époustouflants et une biodiversité remarquable. Reconnu pour ses randonnées variées, le massif attire les amateurs de nature avec ses alpages, forêts, prairies, lacs et montagnes, culminant à plus de 2 100 mètres. En tant que Géoparc mondial UNESCO, il témoigne d’un patrimoine géologique exceptionnel et d’un environnement aquatique et souterrain riche. Les activités de plein air abondent près des lacs d’Annecy et du Bourget, les plus grands lacs naturels de France, faisant des Bauges une destination incontournable pour les vacances. A découvrir : https://parcdesbauges.com/

 

Informations complémentaires

Dimensions (cm)

30×45, 40×60, 50×75, 60×90, 70×105, 80×120, 90×135, 100×150, 110×160

Finition

Caisse américaine, Dibond, Tirage simple

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